Hello ♥

L’article du mois porte sur une réflexion qui va et vient dans ma tête de façon régulière. Des pensées culpabilisantes qui tourbillonnent, me questionnent. Oui je suis une amoureuse de la nature mais je ne suis aussi qu’un être humain qui fait ce qu’il peut. Oui j’ai à coeur de préserver ce joyau qu’est notre planète mais toute ma vie ne tourne pas qu’autour du zéro déchet. D’ailleurs, est-il possible actuellement de ne produire aucun déchet pour vivre ? La réponse est non. Certes, il existe des alternatives pour diminuer son impact écologique au quotidien mais il n’est pas toujours possible de les mettre en application selon l’endroit où l’on vit, ses moyens financiers, son mode de vie, son rythme personnel etc… Je vous livre le fil de ma réflexion qui n’est pas linéaire mais qui pourrait vous aider à vous questionner à votre tour sur tout cela.

Des habitudes bien ancrées

Afin de limiter mes déchets j’utilise depuis des années des sacs à vrac pour faire mes courses, des mouchoirs en tissu, des lingettes démaquillantes pour mes soins, de l’essuie-tout lavable, des serviettes de table en tissu pour la maison que j’emmène aussi au travail, des tote bags pour transporter mes affaires, des couvre-plats réutilisables pour conserver mes restes au frais, une pochette à savon pour mes déplacements, ou encore un verre en plastique pour les soirées salsa de mon école de danse (une alternative mise en place par l’association). Récemment j’ai intégré les sachets de thé réutilisables, le bandeau à démaquillage et le bonnet de soin capillaire. Il est vrai que depuis que je couds, je m’équipe moi-même pour toutes ces choses que je vends également sur ma boutique en ligne, même si certains accessoires proviennent de la seconde main ou ont été achetés avant cette activité.

Je remarque mon exaspération lorsque j’oublie mes sacs à vrac à la maison et que je sais que je vais devoir utiliser ceux du magasin alors que je possède déjà tout ce qu’il faut. J’ai le même ressenti quand toutes mes lingettes, mouchoirs et serviettes sont à la machine et que je n’en n’ai plus sous la main. Je trouve alors des astuces pour me débrouiller en attendant qu’ils soient lavés et séchés, comme quoi avec un peu d’imagination tout est possible. Je prends conscience que je ne souhaite pas retourner aux versions à usage unique pour ces objets que j’utilise depuis longtemps, et cela me montre à quel point je suis attachée à mes habitudes.

J’utilise ce que je possède déjà

Dans un idéal qui est le mien, j’aimerais ne pas utiliser de plastique, en particulier dans ma cuisine mais je crois que vivre sans plastique est quasi impossible tant cette matière est omniprésente. Et pourtant, même si elle a un côté pratique, elle reste nocive à plusieurs niveaux (je vous invite à vous renseigner sur le sujet). Rien qu’en écrivant cet article, si je regarde autour de moi j’aperçois mon dévidoir à scotch, mes pinces à clip pour épingler mes projets de couture, la télécommande de ma télé, la fausse plante que j’ai acheté il y a quelques années ou encore mon tube de crème solaire posé dans l’entrée.

Pour autant, je n’ai aucune envie de jeter mes objets pour investir dans d’autres alors qu’ils sont encore en bon état. J’utilise donc ce que j’ai déjà et lorsque l’un d’eux devient hors d’usage, je choisis en conscience celui qui lui succèdera, même si cette démarche demande parfois un peu plus de temps pour trouver quelque chose qui satisfait tous mes critères. En attendant, je me sers donc de mes ustensiles de cuisine en plastique et de mon dernier petit tupperware, au même titre que mes vieilles palettes de maquillage non bio que je compte bien terminer jusqu’au bout.

Déculpabiliser

Même si j’ai choisi de mon plein gré d’utiliser des produits bio, j’ai fait l’impasse sur certains d’entre eux qui s’avèrent inefficaces sur moi. J’ai eu du mal à passer le cap, à retourner à des compositions pas vraiment recommandables mais au bout d’un moment, je ne souhaite pas me forcer sous prétexte que c’est bio. Cela concerne notamment le déodorant, le shampoing solide et la coloration au henné que j’ai remplacés respectivement par un anti-transpirant, un shampoing liquide bio et une coloration chimique sans ammoniaque. Je vis dans une région chaude, j’ai une activité sportive régulière en intérieur comme en extérieur, j’ai un coup de chaud avant de monter sur scène pour faire un concert, je n’aime pas avoir des aisselles ruisselantes ni des auréoles sur mes vêtements, et je n’aime pas forcément les senteurs proposées par les marques. Les formats solides de shampoing me créent des irritations du cuir chevelu par leur haute concentration en tensioactifs. Le henné est contraignant en terme de temps et d’odeur, il a foncé mes cheveux pendant une bonne décennie, mon blond foncé cendré naturel me manque, j’ai atteint les limites de la coloration végétale pour cacher mes cheveux blancs de plus en plus nombreux : voilà des arguments qui ne regardent que moi et ma conscience.

Tout cela pour vous dire que nous avons le droit de nous autoriser un changement d’avis ou d’éthique si cela ne répond plus à nos exigences, tout en restant bienveillant avec notre nouveau cap. Bienveillance qui est aussi la bienvenue entre êtres humains car il est bien connu qu’au moindre écart, certaines personnes nous pointent immédiatement du doigt sans s’interroger sur le pourquoi du comment. Autant les efforts faits, les initiatives mises en place, les nouveaux gestes intégrés ne seront que trop rarement mis en avant, autant les retours en arrière, les « erreurs » seront toujours remarquées et soulignées.

Loin du zéro déchet

Oui j’utilise des mouchoirs en tissu mais j’ai aussi des paquets de mouchoirs jetables car mon stock est insuffisant, surtout en période de rhume ou d’allergie. Oui j’utilise des savons solides mais depuis un an les odeurs d’huiles essentielles me pèsent et manquent de diversité donc j’utilise des gels douche bio dont les parfums m’attirent. Oui j’utilise des cotons tige jetables car je bloque avec la version réutilisable. Oui je me sers de protections hygiéniques jetables car les 2 culottes menstruelles que j’avais gardaient des tâches incrustées impossibles à faire partir malgré le soin que j’apportais à leur entretien. Non je n’achète pas toujours en vrac car s’il n’y a pas ce que je cherche, je ne compte pas me rendre exprès dans un autre magasin. Oui j’utilise mon vélo et mes pieds mais je vais travailler en voiture car j’ai beaucoup d’affaires à transporter sans compter mes instruments de musique qui ne sont pas les moins encombrants. Oui j’achète de seconde main mais aussi du neuf. Oui je possède des lunettes mais 98% du temps je porte des lentilles jetables car je me trouve plus jolie avec. Oui je mets parfois des tissus/vêtements/chaussures dans les bennes de recyclage alors que je sais où ils terminent et j’en ai honte, car je ne sais pas comment les recycler sinon. Oui je prône le zéro déchet mais je jette un petit sac poubelle d’ordures chaque semaine.

Je pourrais continuer cette liste mais symboliquement, malgré mon entreprise dédiée au zéro déchet, mes habitudes de vie ne sont pas exclusivement tournées vers cette démarche. Par préférence, par praticité, par gain de temps et d’énergie, par confort, par esthétisme, par lassitude, par peur, par méconnaissance. Et pour autant, je ne me sens pas illégitime de continuer à vous parler de la thématique du zéro déchet car j’estime que c’est un chemin à parcourir avec toute les embûches qui peuvent se dresser, les chemins de traverse, les endroits plus sinueux, les collines et les montagnes, les fossés etc …

Le mot de la fin

Vivre en mode zéro déchet serait atteindre un degré de perfection envers la nature au sens large, mais la perfection n’est pas de ce monde. Ce but inatteignable peut néanmoins être vu comme une ligne de conduite, une remise en question, une source d’inspiration et d’imagination pour évoluer. On peut saluer nos petits pas car mieux vaut peu que pas du tout. Je pense que le plus important est de faire de son mieux pour être aligné avec ses valeurs profondes, trouver des compromis et des solutions pour faire face à ce qui ne convient pas, et faire abstraction de l’avis des autres que l’on n’a d’ailleurs pas sollicité.

Le message de cet article est un peu complexe à résumer tant il est vaste et tant il peut faire réagir et rebondir sur d’autres sujets. L’enjeu écologique est primordial mais quand on réfléchit bien, il faudrait repenser chacune de nos actions, de nos habitudes et de nos croyances pour aller de l’avant. Certaines personnes s’en donnent les moyens et d’autres sont réticentes au changement pour tout un tas de raisons. Mais si l’on prend conscience de l’importance de l’impact que chaque geste peut avoir, qu’il soit isolé ou répété, c’est selon moi le véritable point de départ pour évoluer sur le chemin, chacun à son rythme. S’agissant d’un acte à la fois individuel et collectif, il est toujours délicat de mettre tout le monde d’accord alors j’espère au moins semer une petite graine avec mes mots …

En attendant de vous retrouver dans un prochain article, prenez soin de vous ♥