Hello ♥

Me voici me voilà pour l’article du mois dans lequel je voulais vous livrer quelques pensées qui me sont venues ces derniers temps à propos du zéro déchet, des accessoires lavables et réutilisables. Vous n’y apprendrez rien mais si vous souhaitez partager votre point de vue dans les commentaires, n’hésitez pas.

Les marchés : des paroles révélatrices

“2,50€ un marque-page c’est trop cher”, “vos lingettes sont trop petites”, “ma soeur coud aussi plein de charlottes à plat, on va lui passer une grosse commande”, “oui mais, il faut le laver après”, “pour rincer les lingettes il faut de l’eau et l’eau est/sera la ressource manquante”, “c’est quoi ça ?”, “moi je préfère éponger au sopalin et le jeter à la poubelle” etc…

Voilà les remarques que j’ai entendues lorsque des visiteurs sont passés sur mon stand lors de mon dernier marché, catastrophique au passage, et qui ne sont pas toujours faciles à encaisser même si c’est le risque lorsqu’on choisit d’exposer son travail. Je vous rassure, on m’a aussi dit que c’était très joli et qu’il y avait de bonnes idées mais je retiens le négatif, qu’il soit constructif ou non, pour essayer d’avancer. J’avoue que ce jour-là, j’ai eu une prise de conscience assez marquée sur les habitudes des gens et notamment leur positionnement vis-à-vis de l’écologie. Bon nombre d’entre eux ne comprenaient pas ce que je proposais ou n’en voyaient pas l’intérêt, ancrés dans leurs propres fonctionnements et sans doute quelque peu réfractaires au changement.

Doute & déstabilisation

J’ai réalisé que ce que je prenais pour acquis dans mes habitudes ne l’était pas forcément pour ces personnes. Lingettes démaquillantes, serviette de table, essuie-tout, sacs à vrac, couvre-plats, mouchoirs en tissu, pochette à savon et tote bag sont intégrés depuis plusieurs années à mon mode de vie, alors pourquoi pas elles ? La question de la préservation de l’environnement est tellement évidente pour moi, pourquoi n’en serait-il pas de même pour elles ? Ma sensibilité à ce sujet d’utilité publique sur du court, moyen et long terme est à fleur de peau, pourquoi pas elles ? Cette notion d’urgence me préoccupe, pourquoi pas elles ?

Tout simplement parce-que je ne suis pas elles. Et qu’elles ne sont pas moi.

J’ai réalisé que mon “pourquoi” n’appartenait qu’à moi. J’ai réalisé combien l’éducation à ce sujet était nécessaire, sans pour autant me donner le rôle de donneuse de leçons, sans émettre de jugement. J’ai réalisé à quel point les mentalités différaient les unes des autres. J’ai réalisé que je ne savais plus qui était mon “client idéal”. J’ai réalisé que je me sentais dépassée, perdue, toute petite, découragée. J’ai réalisé que tout le monde n’était pas d’accord avec moi. J’ai réalisé que certains avaient raison dans leurs remarques, me laissant pour la première fois l’impression que ce que je faisais n’avait aucun sens, me laissant douter de moi, de mon travail et de mon entreprise.

Oui, la vie d’entrepreneure est faite de hauts et de bas, de montagnes russes, de positif et de négatif, d’enthousiasme et de découragement, de problèmes et de solutions, de détermination et de remise en question. Et je suis en plein dedans. Depuis, mon cerveau fourmille d’idées pour trouver une installation de stand qui soit plus professionnelle et davantage tournée vers l’explication, l’information et l’éducation, même si cela se fait aussi bien sûr par l’échange verbal. Mes voisins de stand m’ont donné une idée à tester pour inciter les gens à réfléchir et avoir des prises de conscience ; je pense la mettre en place le mois prochain et constater une différence ou non à ce niveau-là. De mon côté je continue de réfléchir à certains aspects évoqués qui trottent encore dans ma tête et voir ce que je peux en faire, tout en restant bienveillante avec moi-même.

A contre-courant

Je ne vais pas mentir, je suis souvent très nostalgique de la façon de vivre des anciennes générations. Cette époque où le marketing ne créait pas de besoins superflus pour vendre de nouveaux produits, celle qui n’était pas une course effrénée à la consommation immédiate, celle où l’on se servait d’une machine à coudre, où l’on n’inondait pas les cultures de pesticides, où le savon de Marseille était roi, où les modes de vie étaient plus minimalistes, où les supermarchés n’existaient pas. Aujourd’hui, tant dans les objets que dans les relations, nous sommes dans l’ère du “je consomme puis je jette”. Et moi je vais à contre-courant en pensant qu’on peut réparer, faire autre chose à partir d’une matière, recycler, refuser les choses superflues. Je peux passer pour une extra-terrestre qui ne rentre pas dans les cases, une originale, une utopiste, une personne tournée vers le passé et non vers le progrès et l’avenir.

Peut-être que je suis tout simplement sensible au travail manuel au lieu des technologies qui nous assistent de façon superficielle à mon goût. Peut-être que la valeur du travail humain à toute petite échelle est plus précieuse pour moi que celles de grosses usines qui exploitent leurs ouvriers pour répondre à un besoin de consommation effréné. Peut-être que la nature m’apporte plus de réconfort, d’apaisement et de connexion que la moyenne. Peut-être que le minimalisme a plus de valeur à mes yeux que la multiplication des biens matériels et l’étalage de sa richesse. Peut-être que la simplicité et l’authenticité ont plus de sens pour moi que pour les autres. Peut-être que la profondeur d’âme d’un être humain m’est plus chère que celle d’un robot dans mon quotidien. Peut-être que vivre à contre-courant de la société m’épanouit plus que de vouloir faire comme tout le monde. Peut-être que la théorie du colibri me plaît davantage que celle de la fermeture d’esprit et de l’abandon. Peut-être que le collectif signifie plus pour moi que le chacun pour soi. Peut-être que le progrès m’éloigne trop de mes valeurs personnelles et que je n’y trouve pas ma place.

Pour conclure

Le type de créations que je vends sur ma boutique zéro déchet revêt une dimension autre que celle du beau et de l’émotionnel comme pourrait l’être un bijou ou un objet de décoration par exemple. Mes cousettes ont une utilité à laquelle il faut être réceptif, ouvert, sensible. Elles ne sont pas neutres et ne sont pas non plus destinées à embellir un intérieur. Elles incarnent à la fois les valeurs de l’artisanat, de l’écologie et du minimalisme. Elles demandent de s’interroger, d’entrer en introspection sur ses envies profondes, de s’ouvrir à d’autres façons de faire ou de penser, de s’informer, de se remettre en question, de débattre sur le sujet. L’ego n’est pas toujours de cet avis et passe vite son chemin devant mon stand, survolant rapidement mes propositions avant de passer à autre chose.

Même si la perfection n’est pas de ce monde, tout comme mon entreprise, je reste néanmoins intimement convaincue par ma démarche et mes croyances. De l’amélioration, de l’innovation et de la réflexion sont à développer, nourries par mes échanges avec des créateurs, mes clients et les personnes qui se promènent sur les marchés et salons. Une montagne se dresse devant moi mais elle n’est pas impossible à gravir.

En attendant de vous retrouver dans le prochain article, prenez soin de vous ♥